LAISSEZ-LES UN PEU SOURIRE

Cette femme a trente deux ans, est ridée comme à cinquante
Elle ne voulait pas vieillir, çà pouvait très bien attendre,
Mais elle n'a pas décidé
C'est la vie qui l'a forcée.
Sa jeunesse a foutu le camp
Juste avant qu'elle ait trente ans,
Elle voulait vivre autrement
Mais elle n'en a pas eu le temps.
Travailler obstinément!

Un beau mariage et trois enfants, juste pour être heureux
Le chômage et pas de santé, une famille de malheureux,
Travailler huit heures par jour
Mais surtout pas de discours.
Une fabrique de boulons
Où elle compte sans conviction,
Dans la crasse et la poussière
Pas de quoi  être très fière.
Position particulière!

Et le soir rentrant chez elle, une deuxième journée l'attend
Parait qu'elles s'épanouissent, surtout en travaillant,
Des arguments de patrons
Voués à la réaction.
Pour quelques privilégiées
Qui s'éclatent à leur travail,
C'est le plus grand nombre d'entre elles
Que l'on prend pour du bétail.
Et l'on trouve çà normal!

Vous messieurs les phallocrates, vous messieurs les rétrogrades
Bossez, cuisinez, lavez, ayez vos enfants en garde,
Vous comprendrez sûrement
Que ce n'est pas exaltant.
Elles méritent beaucoup mieux
Que de vous servir de boeufs,
Elles savent aussi réfléchir
Se distraire et puis agir.
Laissez-les un peu sourire!

Laissez-les un peu sourire!
  Laissez-les un peu sourire!

ENGIVAL - Sacem 1987


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