TROIS QUART DE COEUR

Trois quart de coeur c'était son nom,
Lui, le forçat venu de Lyon,
Il eut oser plaire à Marion
La femme d'un procureur marron.
Toujours épris de liberté
Mal lui en pris de vouloir aimer
Cà n'était là que son forfait,
C'est dans un bagne qu'il expiait
C'est dans un bagne qu'il expiait.

Trois quart de coeur avait vécu,
Toute son enfance sans avoir su,
Le bonheur d'une maison cossue
Où il se serait détendu.
Les journées, pour lui étaient longues,
Dans l'atelier des plus exsangues
D'une manufacture de soie,
Dès quatorze ans bien malgré soi
Dès quatorze ans bien malgré soi.

Trois quart de coeur se rappelait
Son nom était un sobriquet,
Dont les gens l'avaient affublé
Passionnément n'aimait jamais.
Quand venait le temps des promises
Il connaissait des femmes exquises,
Qui de lui, étaient toutes éprises,
Et souhaitaient aller à l'église
Et souhaitaient aller à l'église.

Trois quart de coeur à ses dépends
Vint à comprendre qu'avec l'argent,
Qu'on soit ou non des plus honnètes
Face aux notables, on est que miettes.
Il croupissait dans une prison
Eclairée par quelques rayons
A deux pas d'un port de Guyane,
Attendant que sa vie se fane
Attendant que sa vie se fane.

Trois quart de coeur n'eut pas d'enfant
Qui put vous conter bien avant
L'histoire d'un homme sans importance,
A qui la vie n'eut pas de clémence.
Il y eut des temps pas si lointains
On se foutait bien du genre humain,
En mil neuf cent quarante cinq
Les jours du bagne voyaient leur fin
Les jours du bagne voyaient leur fin.


ENGIVAL - Sacem 1987


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